L'attente
Il est 8h du matin.
Oh il y a bien longtemps qu'elle est réveillée,
mais, elle a le temps.
Elle attend.
Elle sort du lit, péniblement,
son corps devenu trop lourd avec le temps.
Encore une journée.
Mais pourquoi elle ?
Elle sort de sa chambre.
Elle entend.
Elle entend encore le tic tac inexorable de
ce vieux carillon qui l'aura suivi presque toute sa vie .
Elle attend.
Elle entend encore le gazouillis
de ses deux sereins dans leur cage.
Elle les aime bien ces deux oiseaux là.
Ça met un peu de vie dans, cette si longue
et interminable attente.
9h le petit déjeuner est bouclé.
Elle attend.
Elle attend sa coiffeuse en écoutant les dernières
info du grouillement et de l'hystérie qu'est devenue la vie du dehors
9h31. La coiffeuse est en retard.
Elle attend
On avait dit 9h30.
10h les bigoudis, sur la tête les deux femmes papotent.
De tout, de rien de cette si longue attente.
Discours que la femme coiffante entend depuis bien longtemps.
Tic tac, tic tac.
12h. l'une de ses filles lui a préparé son repas hier soir.
Elle ne sait plus Faire. Elle ne peut plus faire.
Alors elle réchauffe.
Elle attend.
13h. Installée dans son canapé devant sa grande télé,
elle somnole.
Elle attend.
Elle attend aussi cette fille, la petite dernière,
qui vient chaque jour par prendre des nouvelles
qui n'existent plus et faire quelques tâches ménagères
qu'elle ne peut plus Faire.
Elle attend.
EIle pense parfois à sa vie.
Cette vie bien remplie, avant, et bien trop longue aujourd'hui .
Cette vie ou elle aura vu partir bien trop de gens.
Son mari, son fiIs, ses gendres, quelques amis.
Mais pourquoi pas elle ?
Elle trouve tellement ça injuste quelle en veut à dieu lui même.
En ce dieu au quel elle ne dit plus croire, à cause
de cette trop longue pénitence qu'il lui inflige.
Elle a la vie en overdose.
Elle veut partir.
Partir enfin pour la sérénité éternelle.