Décroissance et paranoïa
Il y a quelques semaines en arrière,
je me suis fait raboter le genou.
Normalement, tu es au courant,
puisque tu es accro à cet incontournable blog.
Au final tout s'est bien déroulé.
A l'heure ou j'écris,
le genou fonctionne.
Tu vas me demander ce que ça
a à voir avec la décroissance?
Ben, j'ai décru puisqu'ils m'ont coupé un bout de genou.
Et la paranoïa?
On l'est tous un peu? non?
J'arrête mes conneries et je t'explique parce
que j'imagine que tu n'as pas que ça à foutre faire.
D'abord, quand tu te fais opérer du genou, il faut t'épiler.
Mais pas n'importe comment.
Je devais m'épiler à la crême dépilatoir.
Tu vois ou je veux en venir?
LA CRÊME DÉPILATOIRE!!!
Quoi de plus chimique qu'une crême dépilatoire?
Je te rappelle que j'ai tendance à fuir
tout ce qui est mauvais pour le corps.
Donc, me voilà me tartinant les guiboles de cette crême
qui pu et qui est blindée de merdes produits pas trop top,
même si j'ai tenté d'acheter une crême "bio".
Pas le choix.
Je fais le dos rond et j'exécute.
En plus, c'est long et c'est chiant.
Avant l'intervention, j'ai du prendre une douche à la Bétadine.
Je n'ai pas regardé les composants de ce "savon".
Mais je gage qu'on est loin du savon de marseille Marius Fabre.
C'est les bactéries qui sont pas contentes.
Ensuite, on rentre à l'hosto.
Et là, c'est l'anesthésie.
Le gars te plante une aiguille dans le bras, et règle le flux du fluide.
J'ai senti le liquide coulé dans mes veines.
J'avais l'impression d'être un condamné à mort.
Ce qui me rassurait, c'est qu'on ne m'avait pas demander mes dernières volontés.
Pourtant, il y avait une petite infirmière qui aurait
sans doute pu assouvir ce dernier souhait, mais je m'égare.
Je ne pouvais que me résigner et attendre que ça passe.
Tous mes efforts pour garder la santé me paraissaient
s'anéantir en même temps que l'anesthésiant m'envahissait.
Et puis, c'est pas fini.
Un genou gratouillé c'est douloureux.
Alors on vous file l'arme ultime: l'anti-inflamatoire.
Et comme l'anti inflamatoire a tendance à te ruiner l'estomac,
on ajoute à ça un truc pour que t'es pas mal à l'estomac.
Logique.
Je me demande pourquoi il ne me l'ont pas enlevé,
ça aurait été plus efficace.
A chaque prise, j'avais l'impression de m'auto empoisonner.
Mais j'allais pas mourir,
je ne m'étais pas demandé mes dernières volontés.
(C'est dommage, ma compagne n'était pas loin,
elle l'aurait sans doute satisfaite haut la main, si je puis dire).
Tu comprends pourquoi y'a paranoïa dans le titre?
Je les ai pris deux jours et puis j'ai décidé d'écouter mon corps.
(Oh oui mon corps, parle moi)
Je me disais que si j'avais vraiment mal,
je m'aidrais avec ces merdes cachets.
En fait, je n'en ai pas eu besoin.
Comme quoi, il est possible de se passer
de médicaments dans certains cas,
juste en essayant de voir comment réagit notre corps.
Voilà ce que cette expérience m'inspire.
D'abord, on n'hésite pas un instant à proposer aux patients
de charger leur corps avec tout un tas de produits médicinales,
sans trop se soucier si il y en a besoin ou non.
Ensuite, avec le chemin de la décroissance
que je suis en train de prendre,
j'ai peur de finir par rejeter ce qu'il ne faudrait pas rejeter.
La médecine nous a apporté du confort et de l'espèrance de vie,
mais je ne sais plus lui faire confiance.
Tout rejeter serait une erreur,
bien entendu, mais comment ne pas se tromper
dans nos choix quand on ne veut pas être gavé de molécules
dont on ne connait pas, la plupart du temps,
les effets secondaires à brève et à longue échéance.
Aller. Vas-t-en maintenant.