Simple comme une balade à vélo
Ce matin sur le pas de ma porte d'allée:
Il est 7h30.
Le soleil luit.
Il a le bon goût de rester un peu sur la réserve.
Un brin de vent rafraichit mon visage et traverse mon tee-shirt léger.
Je frissonne de plaisir. La ballade risque d'être bonne.
Ce matin je n'apercevrais pas la petite voisine avec
laquelle j'échange quelques mots devant l'allée chaque jour de semaine.
Il est trop tard.
Elle est déjà parti au boulot.
C'est son avant dernier jour.
C'est la crise.
Elle passe à la trappe.
Mais elle, elle est plutôt contente la p'tite ouvrière.
Cette femme fluette arrive à la fin de sa vie professionnelle.
Elle a négocié.
Elle est heureuse.
Elle me l'a dit hier.
J'enfourche mon vélo.
Gonflé. Graissé.
Les premiers tours de roues confortent ma première impression.
La ville est curieusement calme.
Je suis curieusement détendu.
La vie m'offre une pose.
Je pense.
Je pense à mon fils qui a eu bien des déboires ces derniers temps.
Tout semble rentrer dans l'ordre, mais patience...
Je pense à ma fille qui organise son été.
- Je ne partirais pas en vacances avec vous cette année.
- Je vais travailler.
La vie passe.
Les enfants n'en sont presque plus.
Il veulent se jeter dans la bagarre.
Comme si il n'avait pas le temps.
Tant pis. C'est comme ça.
Tiens!! Ils ont refait la route là.
Ils en ont refait pas mal ces derniers temps sur mon parcours.
Le revêtement est impeccable.
Le tracé est très blanc sur l'asphalte trop noir pour être honnête.
Je tends l'oreille.
Le sifflement des pneus et le vent dans mes oreilles.
30km/h sans forcer, j'esquisse un sourire.
Non. Je ne suis pas dingue.
Je suis un jouisseur.
Tous les plaisirs sont à prendre.
Mes pensées repartent en ballade.
... Madame Fredo...
Elle insiste celle-là.
Six ans bientôt.
Ce week-end ??
Elle sera là.
J'attends son rire, ses sourires sa présence.
Tombé amoureux.
Non pitié pas ça, ça fait trop mal et puis...
...on est bien comme ça non ?
Je quitte la ville.
J'ai appris à aimer cette longue ligne droite bordée
d'une voie de chemin de fer et de verdure tout autours.
Une légère descente: 35km/h sans un bruit.
Tout au long du parcours j'ai fredonné Aznavour.
Ce week-end, au bout d'une quinzaine d'années de guitare laborieuse,
je vais enfin participer à la fête de la musique.
Je vais jouer sur une scène en plein air.
Tout le monde pourra m'entendre.
Je frissonne.
La trac et l'excitation.
Qu'est ce que je risque au fond ?
Je saute le petit trottoir qui va m'amener
au garage à deux roues de mon entreprise.
Il y a déjà des motos et un vélo.
C'est celui de Morad.
On a joué au foot hier soir entre collègue de travail.
Notre équipe a perdu.
Mais tout le monde a fait exequo autours des verres qui ont suivi
Il s'est fait ramené chez lui.
Il prendra le bus aujourd'hui' hui.
Avant de me jeter dans l'arène,
je discute une dizaine de minute avec un fumeur matinal.
On est bien.
Je pousse la porte.
Je me change.
Fin de la ballade.
Ce soir, je passe par les berges.
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