Grand corps malade, mais tête saine
Assis à mon bureau derrière mon écran,
les écouteurs dans les oreilles pour trouver un peu de calme,
Fabien déverse son slam.
Sa grosse voix chaude et les arrangements bien sentis rentrent
dans mes tripes et arrêtent le temps.
Je suis ailleurs.
Où ?
Je ne sais pas.
Ailleurs.
Avec des sensations, des frissons dans le coeur et le corps:
lorsqu'il décrit les parents dans "pères et mères"
et fait mouche, car je suis père.
Lorsqu’il nous parle de sa compagne dans "comme une évidence"
car je suis amant.
Lorsqu'il déclame "le blues de l'instituteur"
parce que j'ai été élève et que j'aurais aimé cet instituteur.
Lorsqu'il nous pain le logis d'un célibataire dans "l'appartement"
parce que célibataire j'étais, je suis et je serais.
Lorsqu'il explique sa nouvelle vie dans "underground"
parce que j'aime bien les mecs qui ont du recul sur eux même et là, il en a.
Je vais l'acheter et l'offrir à un jeune trou du c.. de seize ans
qui aiment les bons mots et sans doute les beaux textes
à la place du cadeau classique qu'est la poignée d'euros
parce qu'on manque cruellement d'idée.
Je sais qu'il ne pourra pas être insensible à "Comme une évidence"
et qu'il trouvera pas mal, un autre texte bien ficelé
ou une mélodie bien jouée,
en pensant à son vieil oncle drôle parfois
et démodé tout le temps..
Enfin, j'espère.
Attention,
ce genre d'album ne s'entend pas.
Il s'écoute.
Avant de boucler la note,
moi aussi j'ai fait un slam.
Fabien n'a qu'a bien se tenir.